13 novembre 2014

Champagne

Le Champagne, un vin rare

Dès l’origine, un vin sacré

Jusqu’au Moyen Âge, dans les pays de la Chrétienté, ce sont les religieux qui s’occupent de la vigne : le vin est consacré et bu au cours de la messe. La rencontre de la géographie et de l’histoire va offrir aux vins de Champagne un destin hors du commun. C’est en effet saint Remi, évêque de Reims, résidant dans une villa ceinte de vignes près de l’actuel Epernay, qui baptisa Clovis quand il se convertit. Le premier roi de France fut donc sacré en Champagne et les vins de Champagne consacrés un soir de Noël 496.

 

Quelques siècles plus tard, le mariage de Jeanne de Navarre avec Philippe le Bel associa définitivement le destin du comté de Champagne à celui de la couronne de France.

 

Consacré par l’Histoire
A view of the champagne vineyards covered with snow on the slopes of the "mountains of Reims" - Photo Patrick Mayon

A view of the champagne vineyards covered with snow on the slopes of the « mountains of Reims » – Photo Patrick Mayon

De 898 à 1825, c’est à Reims, au cœur de la région de Champagne, que les rois de France seront sacrés. Les cérémonies, selon les récits qui en furent faits, s’accompagnèrent toutes de festins où les vins de Champagne coulaient à flots. Très vite appréciés pour leur goût et leur finesse, ceux-ci vont devenir les vins que l’on offre en hommage aux monarques qui viennent dans la région. François Ier en reçut plusieurs “pièces”, Marie Stuart également, de passage dans la cité des sacres ; on parle de centaines de pintes offertes à Louis XIV pour son couronnement.

 

Dès le XIIème siècle, la réputation des vins de Champagne a franchi les frontières et leur prestige ne cesse de grandir.

 

C’est ainsi que le 14 juillet 1790, pour la fête de la Fédération sur le Champ de Mars, seul le Champagne est jugé digne d’encourager les révolutionnaires.

 

Quelques années plus tard, tous les princes présents au Congrès de Vienne racontent l’omniprésence du Champagne de septembre 1814 à juin 1815. De fêtes en soupers, le Congrès s’amuse : “l’esprit pétillait comme le vin de Champagne” et ce fut bien le premier lien fédérateur des participants.

 

Le Champagne a par la suite consacré bien des grands traités et il y a peu encore, celui de Maastricht. Il est toujours exigé par tous ceux qui, dans le monde, veulent souligner l’importance d’un moment historique. Même la reine Pomaré de Tahiti, selon Pierre Loti, exigea plusieurs caisses de Champagne pour marquer la consécration d’un temple païen sur son île.

 

Symbole de l’excellence, le Champagne figure toujours en bonne place sur les menus des grands mariages royaux depuis deux siècles. Il a été l’invité magique et spectaculaire des grandes expositions universelles de 1889 et de 1900 à Bruxelles et Paris; et avec le temps, il a confirmé son image de vin d’exception. Aujourd’hui plus que jamais, c’est toujours à lui qu’on fait appel dès qu’il s’agit de distinguer la rareté ou la grandeur d’un événement.

 

L’émotion rare des premières fois
Une photo prise pendant une visite des caves Mumm, suffisamment profonds pour garder constantes humidité et température tout au long de l'année. Il y a des kilomètres de ces caves, en Champagne (Photo Patrick Mayon)

Une photo prise pendant une visite des caves Mumm, suffisamment profonds pour garder constantes humidité et température tout au long de l’année. Il y a des kilomètres de ces caves, en Champagne (Photo Patrick Mayon)

Depuis Clovis, les vins de Champagne sont restés associés aux baptêmes : ce sont eux, et seulement eux, que l’on invite à consacrer le bonheur des premières fois.
Il n’est pas donné à tous les vins de venir bénir la coque des plus beaux bateaux du monde lors de leur mise à l’eau. Qu’il s’appelle le Great Britain en 1843, le France ou… Mon rêve !

 

Il était évidemment là lors des vols inauguraux du Concorde et au moment de la jonction des tronçons français et anglais du tunnel sous la Manche.

 

Il a sûrement été servi bien frais quand Maurice Herzog a partagé avec son équipe “la” bouteille de la victoire après l’ascension de l’Annapurna. C’est aussi du Champagne qu’a bu Pierre Mazeaud en 1978 au sommet de l’Everest, comme l’avait fait avant lui l’équipe de la Croisière jaune d’André Citroën sur le Toit du monde en 1931. C’est une belle première fois pour Jean-Loup Chrétien que son voyage dans la capsule spatiale soviétique. À peine revenu sur terre, il réclame une coupe de Champagne, fidèle à une tradition initiée par les pionniers de l’aviation.

 

C’est aussi le vin des dernières fois

À la Conciergerie, en 1793, Philippe d’Orléans attend de comparaître devant le tribunal révolutionnaire. Désireux de profiter de ses derniers moments, il exige de déguster calmement quelques bouteilles du vin des rois.

 

Quelques années plus tard, Napoléon est en Russie ; il bat l’armée du Tsar à Smolensk. Les nobles locaux se consolent au Champagne “délicieux bien que français”.

 

Les grandes occasions

Qu’elles soient vraiment rares ou vécues comme telles, on a pris l’habitude de les consacrer au Champagne. Les victoires sportives, par exemple, sont devenues l’occasion d’arroser généreusement champions et public et d’entrer dans la légende une bouteille mythique à la main. Solitaire et courageux, Gérard d’Aboville, buveur d’eau obligé pendant 72 jours en mer, a immédiatement sablé le Champagne à son arrivée. Comme le font partout dans le monde tous les héros grands ou modestes qui veulent consacrer leurs prouesses.

 

(Texte publié sur le site du CIVC, qui renferme beaucoup d’autres renseignements sur le champagne)[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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