La vigne, vie de la Champagne.
Il existe en Champagne environ 16.000 vignerons, dans 300 communes viticoles. Plus de la moitié des exploitations font moins d’un hectare, ce qui explique que plus de la moitié des vignerons sont des double-actifs : en dessous d’un hectare, il est très difficile de faire vivre une famille avec ce seul revenu.
La quasi-totalité des vignerons (90%) vendent tout ou partie de leurs raisins, et seuls 30% commercialisent des bouteilles. Chaque année hélas, les vignerons perdent des parts de marché face aux négociants, ce qui est à regretter.
A côté des vignerons, 135 coopératives (dont 40 commercialisent) et 360 maisons de négoce – les grandes marques que vous connaissez bien – vinifient et commercialisent le précieux breuvage. Les négociants assurent les deux tiers des ventes, qui s’établissent au dessus de 300 millions de bouteilles, et un chiffre d’affaire de près de 5 milliards d’euros. Il faudrait donc mille ans à la Champagne pour rembourser la dette actuelle de la France (si l’on tient compte de la dette hors-bilan)…
L’ensemble de l’activité emploie environ 11.000 salariés, 7000 pour les vignerons et les coopératives, 4000 pour les négociants, sans compter tous les emplois indirects. C’est dire que l’activité viticole a une part énorme dans le tissu économique et social de la région.
Les cépages Champenois.
Depuis fort longtemps existe sur la terre une espèce botanique dénommée Vitis vinifera. Ses trace sont attestées depuis le Néolithique, âge de la pierre polie, environ 9000 ans avant JC, et beaucoup d’historiens s’accordent à dire qu’elle a été une des premières plantes domestiquées, dans la région du Caucase, vers 8000 ans avant JC.
Les cépages actuels sont des variétés de cette Vitis Vinifera, sélectionnés par l’homme au cours des siècles. L’ampélographie, la science qui étudie les rapports entre les variétés, essaye d’en dresser une cartographie, pour savoir qui descend de qui. Pas facile : il y a plusieurs milliers de cépages différents !
En Champagne, nous en cultivons trois principaux :
- le Chardonnay, un raisin blanc dont nous avons longtemps cru qu’il provenant du Moyen Orient, rapporté des Croisade par un preux Chevalier. Las, la réalité est moins poétique, il serait un croisement de Pinot et de Gouais. Il donne aux vins une minéralité rafraichissante, des arômes très fins, des notes d’agrumes et de fleurs blanches. Il évolue lentement et le vieillissement lui va bien. Il est spécialement cultivé sur la célèbre Côte des Blancs, dont Étoges est l’extrémité méridionale.
- le Pinot Noir, lui, viendrait de Bourgogne. Il donne du corps aux Champagnes, de la puissance et de la structure. Il va donner des arômes de petits fruits rouge, cerise, griotte, groseille, mûre. Il se raconte qu’il porte ce nom car ses grappes ressemblent à des pommes de pin, mais nous ne pourrions le certifier ! Il aime les terrains calcaires et frais, vous le trouverez spécialement dans la Montagne de Reims.
- le Meunier, qui est un cousin du Pinot Noir, dont il serait issu par mutation génétique. Pour ce qui le concerne, l’origine de son nom ne fait pas de doute : c’est une variété très poilue, et au printemps, elle paraît comme couverte de farine. Il donne aux vin rondeur, souplesse, et un très agréable fuité, dans sa jeunesse (il peut vieillir difficilement). Ce cépage plutôt rustique apprécie les terroirs argileux.
Schématiquement, le pinot noir représente 40% du vignoble, tandis que Chardonnay et Meunier sont à égalité à 30%. Pour l’anecdote, nous cultivons aussi, sur 1% des surfaces, d’anciennes variétés que sont l’Arbane, le Petit Meslier, le Pinot Blanc et le Pinot Gris.
Pour ce qui concerne le champagne Gérard Neuville, notre encépagement est fortement dominé par le Chardonnay, qui représente 80% de nos surface, Pinot et Meunier se partageant les 20% restant à égalité.